Critique : Promised Land, de Gus Van Sant

Gus Van Sant en aurait-il fini avec ses obsessions adolescentes ? Dans Promised Land, son dernier long métrage, point de teenager traînant son ennui ou sa colère, mais un Matt Damon (Contagion, L’Agence, bientôt dans Elysium) à la solde d’une multinationale du gaz.
Si on est habitué à la portée politique des œuvres du cinéaste (Harvey Milk, Elephant), il s’était montré jusqu’à présent plus discret sur la dimension sociale. Au-delà de son plaidoyer sur le retour à la terre et sa charge contre les compagnies de gaz de schiste opportunistes, Promised Land porte un regard juste sur cette Amérique rurale gangrenée par la crise. Si dans les grandes citées le rêve américain peut encore faire illusion, dans ces états entièrement consacrés à l’agro-alimentaire, on agonise en silence.
Entre ses plans aériens filmant l’immensité verte de ces contrées fertiles, les ambiances sans âmes des chambres d’hôtel et les allers-retours au seul bar du bled… la vie semble monotone. Fatalement, le rythme du film l’est également, diluant légèrement le propos. Un petit twist final viendra relever l’ensemble.
Malgré la nostalgie inhérente qui se dégage du long métrage, Gus Van Sant n’accable aucun de ses personnages (ou presque). La résignation n’est pas synonyme de perte de dignité pour ces paysans laissés pour compte. Et les employés du gaz se contentent de faire leur travail, le mieux qu’ils peuvent. Gus Van Sant évite ainsi de tomber dans le piège d’un manichéisme trop poussé. On en sort convaincu que la vérité est certainement ailleurs…
Marianne
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